(no subject)
Et une fic pas terminée pour la route.
La lumière s’échappant du store éclairait à peine la pièce, laissant dans une pénombre tranquille le temps de se réveiller lentement, de battre un peu les yeux, bouger, au risque de toucher l’autre. Ce n’était pas si grave, quelques coups vagues à peine, dans le pire des cas. Nora n’arrivait pas réellement à se réveiller, elle se sentait si bien dans la tiédeur des bras, la douceur des draps et si les mains étaient froides, le contact sur la joue était doux. La voix tendre de Victor lui disait qu’il fallait se lever. Pour toute réponse, tout d’abord, elle grogna quelques mots incompréhensibles, même pour elle.
« Ma douce, tu parles comme un zombie. » commenta sans méchanceté Victor, le jour où ce serait le cas, le monde serait invivable, Nora en était convaincue. Cependant, loin de toute métaphore, elle en était au stade de se blottir davantage contre son mari, la joue maintenant contre le torse, pendant que ses propres mains caressaient le dos que quelques temps encore ils griffaient, quand tout était frénésie. Là, Nora se sentait paisible et paresseuse, l’un des pieds taquinant la jambe de Victor, pendant qu’elle le confondait encore avec un oreiller.
« Il faudrait qu’on se lève. » hasarda Victor, sans doute toujours moins convaincu à chaque secondes, pendant ce temps, sa main caressait la nuque avec douceur. « Pour visiter ta famille. »
La voix s’était fait légèrement hésitante et Nora le comprenait. Dora faisait de moins en moins d’effort pour cacher son dégout de Victor, allant même jusqu’à la confrontation verbale avec lui, voire avec Nora. Si ses parents ne lui étaient pas hostiles, Victor n’était pas très à l’aise en leur présence, allant jusqu’à être angoissé sans que Nora en sut jamais la raison. Le reste, Victor était parfois trop timide pour leur parler véritablement. Qu’importe, puisque maintenant, il était son mari, qu’importe, ils étaient ensemble.
« Cela peut encore attendre, rien ne presse, nous avons toute la matinée encore. » murmura elle. « Il faut bien que je profite du moment où je ne t’ai rien qu’à moi, avant de devoir te partager. »
« Nora... qu’est-ce que tu fais ? »
« Chut chéri, j’écoute ton coeur. »
« Ah. Qu’est-ce qu’il te dit ? »
« Mon chéri, il parle en battant, il n’y a que toi qui puisse me le dire. »
« Eh ben, je dirais... qu’il t’aime beaucoup. »
« Chéri, ça, pratiquement tout ton corps le dit. »
« C’est vrai... »
« Il ne dit rien d’autre ? » « Vraiment rien, vraiment, vraiment. »
« Nora. Arrête, bon, j’avoue, j’avoue... »
« C’est ainsi que ton souvenir restera toujours gravé en moi. Belle ballerine dansant dans la neige, au sourire encore plus brillant que le soleil. Eternellement jeune, éternellement belle. »
« Cela veut dire que quand je serai vieille, moche et ridée, il ne m’aimera plus ? »
« Non, non, non... ça veut dire que tu seras toujours belle pour lui, enfin, pour moi...nous... »
« Mon tendre, je plaisantais. »
« Merci. »
« Oh. Je t’ai fait peur à ce point ? Excuse-moi. »
« Non, je parlais pour... »
« Oui ? »
« Je... non, rien... »
« Allez dis. »
« Je... »
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« Nora. » fit une voix. Elle leva la tête, étendue sur son lit, devant elle non plus un homme, mais une femme, une amie à la place d’un mari. « Est-ce que tu vas bien ? »
Elle se sentait inconfortable et malade, la tête remplie de souvenirs et d’envie, pleine de rage et de flamme à contenir, sous peine de se perdre définitivement. Une de ses mains tenait un manteau, fermement, solidement, pour ne pas le perdre, comme un point d’ancrage dont elle ne parvenait pas à se séparer. Et si c’était encore possible pour elle, on y verrait incruster quelques larmes.
« Rien Talia. » répondit-elle en se souvenant de la chaleur des lèvres, de la passion d’une étreinte, d’un sourire qui l’avait conquis à la première seconde (fini, c’était fini tout ça, elle était morte, lui plus encore). « Seulement un mauvais rêve. »